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Dépossession de terres dans les bassins de La Larga et de Tumaradó: revendications de vérité et de restitution

De Riosucio (Chocó) à Turbo (Antioquia), les communautés afro et métisses ont subi la dépossession de terres lors d'une période de violence au milieu de laquelle l'agro-industrie de la banane, de la palme et de l'élevage se sont développées. Aujourd'hui, même entre les agressions, les victimes du territoire collectif attendent la restitution et réclament la vérité sur la participation des gens d'affaires à l'usurpation des biens.

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Traduction par Maria del Socorro Alzate

«La dépossession a commencé dans le département de Córdoba. Les paysans partaient. Ici nous venons de Bolívar, Córdoba, Sucre, San Juan, Alto et Medio Atrato. Cela s’appelait ‘La Carretera (La Route)’. Un privilège est qu’ici il y avait des eaux. Tout était bien conservé. C’était des terres vierges avec des animaux sauvages. Le seul danger était le serpent. Mon père a été tué par un serpent. » Ainsi, le 15 octobre 2017, Mario Castaño Bravo se souvenait de l’arrivée de sa famille dans les années soixante-dix à la communauté de La Madre Union dans le Bajo Atrato du Chocó. Le leader des revendications territoriales était conscient du passé de son peuple et aussi de toutes les menaces qui hantent aujourd’hui le territoire collectif, actuellement demandé en restitution pour les communautés afro et métisses de La Larga Tumaradó. Ce qu’il ne savait pas encore, c’était son propre destin: un mois et onze jours plus tard, le 26 novembre, Mario serait fusillé par les paramilitaires devant sa femme et ses enfants.

Avec Mario, 21 autres leaders de la restitution des terres à Urabá ont été tués depuis 2008 lorsque la Loi de Justice et Paix – Loi 975 de 2005 a ouvert la porte aux paysans dépouillés de leurs fermes au milieu de la violence paramilitaire, pour avoir accès à la restitution de leurs vieilles fermes. Mais  tout le labyrinthe de gestions bureaucratiques et les pressions des propriétaires qui ont refusé de restituer les terres ont donné comme résultat la stagnation du procès de restitution. Puis avec la loi 1448 de 2011 – Loi sur les victimes et la restitution des terres-, les paysans pensaient que cette fois ils récupéreraient rapidement leurs terres. Cependant, la question n’a pas été plus facile. Les procédures judiciaires et administratives ont été retardées et les propriétaires ont commencé une forte opposition à la restitution qui a combiné toutes les formes de lutte allant des stratégies juridiques et politiques, à l’intimidation et aux attaques contre les paysans.

# Leader ou demandante de terres assasiné Date de l’homicide
1 Juan Agustín Jiménez Vertel 20 de julio de 2008
2 Alexander Gómez 25 de julio de 2008
3 Valdiris Padrón julio de 2008
4 Benigno Antonio Gil Valencia 22 de noviembre de 2008
5 Gualberto Hoyos 14 de octubre de 2008
6 Jaime Antonio Gaviria 5 de diciembre de 2008
7 Argénito Díaz 14 de enero de 2010
8 Albeiro Valdéz Martínez 11 de mayo de 2010
9 Hernándo Pérez Hoyos 19 de septiembre de 2010
10 David de Jesús Góez 3 de marzo de 2011
11 Alejandro Antonio Padilla Morelos 17 de noviembre de 2011
12 Leoncio Manuel Mendoza Mejía 26 de noviembre de 2011
13 Manuel Ruíz 24 de marzo de 2012
14 Samir de Jesús Ruíz Gallo 24 de marzo de 2012
15 Reinaldo Domicó 1 de enero de 2013
16 Arlenis Reyes 1 de agosto de 2013
17 José Cartagena 10 de enero de 2017
18 Porfirio Jaramillo 29 de enero de 2017
19 Jesús Alberto Sánchez Correa 19 de agosto de 2017
20 Mario Castaño 26 de noviembre de 2017
21 Hernán Bedoya 8 de diciembre de 2017

Liste de demandeurs de terres tués à Urabá dans les departements d’Antioquia et Chocó en décembre 2017. Source: Instituto popular de Capacitación (IPC)

Disposés à exiger le retour de leurs terres, plusieurs demandeurs sont revenus sans soutien institutionnel à leurs anciennes fermes. Mario Castaño était l’un d’entre eux. Avec 25 autres familles, il est retourné en 2014 à La Madre Unión dans la municipalité de Riosucio (Chocó). Comme ils le pouvaient, les paysans érigèrent des maisons en bois et déclarèrent le territoire comme une zone humanitaire de biodiversité dans le but de se protéger des menaces, de l’incendie de leurs maisons, de la destruction de leurs cultures et des agressions physiques provoqueés par des acteurs armés et des employés des gens d’affaires. C’est pourquoi le Juge Premier de restitution des terres de Quibdó a émis l’Ordonnance 00181 du 12 décembre 2014, pour prendre des mesures de précaution visant à protéger les demandeurs.

Les premières familles qui sont venues à Madre Unión sont arrivées à la fin des années soixante-dix, raconte un habitant de cette communauté qui a demandé à protéger son identité. «Tout le monde est arrivé par la rivière La Larga. Le premier à arriver était Ramón Hernández avec sa famille. Puis est arrivé la famille Arteaga. Tous ceux qui sont arrivés plus tard se sont installés là où Ramón Hernández était et de là sont montés pour coloniser la terre. Mais en 1997, nous avons été déplacés. «

À ce moment-là, les paramilitaires parcouraient le territoire en menaçant les paysans pour les  forcer à vendre leurs terres. Comme beaucoup ont refusé de partir, les meurtres et les massacres sont venus. La famille de Mario Castaño a dû quitter ses terres le 17 septembre 1997 et se deplacer à Belén de Bajirá. Dix-sept ans plus tard, Mario est  retourné avec d’autres demandeurs pour demarrer des processus de création de zones humanitaires et de biodiversité à La Larga Tumaradó.

Bien que Mario et d’autres paysans métis soient arrivés depuis les années 70 et 80, par la résolution 2805 en l’an 2000, l’Incora a constitué les bassins des fleuves La Larga et Tumaradó en tant que territoire collectif des communautés afro-descendantes. Metis et Afros descendants ont cohabité depuis toujours et mènent depuis 2008 une lutte commune pour la restitution des 107.064 hectares qui composent le conseil communautaire, dont 51% de la terre est entre les mains de 6 grands occupants, certains d’eux sont accusés d’usurpation ou dépossesion violente, selon une étude du Centre pour la recherche et l’éducation populaire (Cinep) [i].

La dernière réalisation de ce combat a été le dépôt de la demande de restitution du territoire collectif présentée par l’Unidad de Restitucion de Tierras le 1er décembre 2017 devant la Cour première de restitution des terres de Quibdó. Le procès vise proteger les droits  d’environ 5.000 personnes installées dans les bassins des rivières La Larga et Tumaradó. Dans l’acte d’accusation, des gens d’affaires comme José Vicente Cantero, Jaime Uribe Castrillon, Wilmer Dorance Romero, Francisco Castaño et des compagnies minières comme AngloGold Ashanti Colombia, ont été accusés d’avoir participé à la dépossession de terres dans cette région.

La responsabilité des entreprises dans la dépossession

Dans son étude, Los pilares del despojo en Urabá, la chercheuse Paola Andrea Posada a déclaré que «les formes les plus courantes de dépossession à Urabá ont été les ventes forcées, les faux titres, les ventes avec des blessures énormes et des prix bas, des adjudications irrégulières de terrains vacants et des moyens de facto tels que l’enfermement des parcelles par des clôtures. Un autre type de dépossession comme l’abandon, selon la conceptualisation qui a été faite dans ce travail, était le plus significatif dans ce territoire «[ii].

Ce sont peut-être les cas de Chiquita Brands et de sa filiale Banadex, ainsi que ceux de Banacol et du Fondo Ganadero de Córdoba, qui illustrent le mieux, la manière dont différents entrepreneurs ont encouragé le paramilitarisme à prendre possession des terres dans différentes régions du pays et particulièrement, dans la region d’Urabá dans les departements de Chocó, Córdoba et Antioquia.

Le responsable de la gestion des relations avec les grands propriétaires fonciers, selon les témoignages libres des anciens paramilitaires de la région, était alors le commandant du bloc Bananero, Raúl Emilio Hasbún Mendoza, alias Pedro Bonito, qui recevait, par l’intermédiaire de l’entreprise de securité privée Convivir Papagayo, les contributions des gens d’affaires et des eleveurs du betail ( qui sont en même temps des grands propriétaires fonciers) de la région, et les a  distribué entre les AUC ( groupe paramilitaire Autodefenses Unies de la Colombie[iii].

Dans un témoignage  libre du 3 septembre 2010, dans le cadre du processus Justice et Paix, Hasbún Mendoza a désigné avec son nom plus de 200 hommes de l’agro-industrie, de bétail, de la palme et des bananes d’Urabá comme financiers du bloc qu’il commandait lui-même. Dans la liste qui a été remise au bureau du procureur, des entreprises telles qu’Uniban, Banafrut et Banadex apparaissent, entre autres [iv].

Le paradoxe de cette situation est que des cas comme celui de la multinationale Chiquita Brands restent impunis en Colombie, alors qu’aux États-Unis le juge fédéral Royce Lamberth ait condamné cette compagnie à payer une amende de 25 millions de dollars, après que la multinationale a plaidé coupable   à l’accusation d’avoir fait plus de 100 paiements aux paramilitaires colombiens.

Dans le cas du  Fondo Ganadero de Córdoba, cinq personnes ont été capturées le 10 février 2014: le directeur de ce groupe dans le département de Córdoba, Carlos Sotomayor Hodeg; L’homme d’affaires mexicain Benito Molina Velarde, actionnaire majoritaire et membre du conseil d’administration; l’avocat Carmelo Esquivi; le notaire de Montería, Miguel Puche Yáñez; et Orlando Enrique Fuentes Hessen, également membre du conseil d’administration.

Selon le Bureau du Procureur, «le processus est lié aux événements qui ont eu lieu en 1994 et 1995, lorsque les frères Vicente et Carlos Castaño, principaux dirigeants du groupe paramilitaire Autodéfenses Unies de Colombie (AUC), ont dépouillé plus de 130 familles paysannes de leurs terres dans de la région de Tulapas, zone rurale des municipalités de Turbo, Necoclí et San Pedro de Urabá, au golfe d’Urabá et dans le département de Córdoba «[v].

L’enquête de l’accusateur indique que le 1er décembre 1997, dans la ferme La 52 – une des premières parcelles dépouillées à Tulapas – un accord a été conclu entre les frères Castaño et le Fondo Ganadero de Córdoba pour empêcher le retour des paysans déplacés et faire avancer la légalisation des propriétés dépossédées. Dans cet accord était présent Sor Teresa Gómez, demi-soeur des Castaño, qui au sein de l’AUC avait la tâche de légaliser les propriétés en utilisant des promesses d’achat  et des faux titres de propriété, dans de nombreux cas à travers la Fondation pour la Paix de Cordoba (Funpazcor) .

Un autre cas de dépossession concerne la Comercializadora International Banacol, une société colombienne qui, selon un rapport de la Commisión Intereclesial de Paz, a utilisé le paramilitarisme pour accumuler des terres dans les communautés afros et métisses de Curvaradó et Jiguamiandó dans le département du Chocó.

L’étude de la Comisión Interecclésiale indique que les paramilitaires, avec la complicité par action et omission de la 17e brigade et de la police d’Urabá, sous prétexte de combattre la guérilla , assassinent, font disparaître, soumettent à la torture et provoquent le déplacement des paysans; les entrepreneurs liés à ces structures criminelles s’approprient les territoires qui appartiennent juridiquement et traditionnellement aux communautés; les autorités au service des gens d’affaires revendiquent la légalisation frauduleuse de ces territoires, le gouvernement national soutient plus de 95% du total des investissements illégaux; l’agro-industrie de l’huile de palme est implantée sur les ruines des maisons, des cimetières et des maisons communautaires des communautés; l’élevage intensif de bétail et la culture transnationale de bananes, d’ananas et de manioc est augmentée, de pair avec les paramilitaires, pour ces compagnies, c’est l’opportunité d’élargir la frontière agricole et d’obtenir un sol de qualité [vi].

Lieux de mémoire à La Larga Tumaradó

La communauté de Madre Unión, où Mario Castaño appartenait, n’est que l’une des 49 communautés qui font partie de La Larga Tumaradó. Dans chacune  d’elles, les afros et metis ont subi la violence et la dépossession de leurs terres. Les traces de ce passé se trouvent dans des lieux emblématiques comme le pont de La Pala, détruit dans une confrontation entre paramilitaires et guérillas; et la rivière Bajirá, par où les personnes assassinées ont été jetés.

Lors d’une visite du territoire, le Centro Nacional de Memoria Histórica (CNMH), avec le soutien du Cinep, a recueilli les témoignages des habitants  sur les violences subies dans la région. D’une manière générale, selon l’étude de caractérisation des affectations territoriales réalisée par le Cinep, à la demande de l’Unidad de Restitución et de l’ACDI / VOCA, à La Larga Tumaradó cinq impacts majeurs sont identifiés.

Pour Juan Sebastian Mendez Ospina, chercheur au CINEP, le première impact fut le déplacement forcé de 85% de la population vivant sur le territoire collectif vers des centres urbains tels que Turbo, Chigorodó et Carepa. Parallèlement, des gens d’autres régions, victimes eux aussi de violence, ont été amenés par les entrepreneurs à travailler dans les fermes établies dans les territoires dépossedés. Cela a généré un fort conflit pour le territoire. Le deuxième impact fut la transformation des formes traditionnelles de production vers une production agro-industrielle. En troisième lieu, la perte des pratiques traditionnelles et culturelles, ainsi que la perte des espaces sociaux. Le quatrième impact, un changement radical dans la façon dont les personnes sont liés à leurs terres, ainsi le droit de propriété collective est perturbé au point que les grands occupants et les entrepreneurs cherchent à légaliser l’usurpation de ces terres collectives par des promesses d’achat et par des titres frauduleux. Et un cinquième impact, les dommages environnementaux, avec une forte modification des canaux d’eau et avec la déforestation.

Lors du parcours dans la zone, le CNMH a visité les communautés de Villa Eugenia, Cuchillo Blanco, Californie, La Pala, La Punta et Madre Union, localisées dans les municipalités de Turbo, Belén de Bajirá et Riosucio.  Javier Díaz, chercheur à la Direction du CNMH a observé des changements dans le territoire collectif: «nous avons trouvé les traces de ce que les communautés étaient auparavant, dans les lieux de conflit, on a noté l’absence d’espèces animales qui étaient auparavant consommées et des récoltes qui pouvaient être cultivés avant mais pas aujourd’hui, parce que le sol s’ est déterioré à cause de l’exploitation forestière et l’élevage intensif de bétail. Cela a abouti à une manque de nourriture et d’eau potable pour la population ».

Parmi les nombreux témoignages recueillis auprès de la communauté lors du parcours du CNMH, on peut citer celle d’un habitant du chemin qui a demandé à protéger son identité. Et, qui raconte l’histoire   de la maison «l’Arche de Noé», à Villa Eugenia, municipalité de Turbo, l’histoire d’un grand bâtiment construit sur une propriété revendiquée aujourd’hui par les paysans. «La maison a été faite par un entrepreneur. Là se sont rencontrés les durs: José Vicente Cantero, Wilmer Romero, ‘Don Berna’ -Diego Fernando Murillo, ancien chef paramilitaire- et Carlos Castaño -excomandante de l’AUC-. Là, ils organisaient des fêtes, des réunions avec des prostituées et achetaient des [guaguas] -animaux sauvages tres apreciés dans la region- (NdT). Les usurpeurs avaient transformé ces terres en un élevage extensif de bétail, a dit le temoin.

Un autre lieu de mémoire sont les anciens camps de l’entreprise Maderas del Darién, lesquels ont été construits dans les territoires de la communauté de La Pala, municipalité de Riosucio. Là, les paramilitaires auraient installé une base d’opérations dans une propriété revendiquée par les paysans et située à quelques mètres du village principal.

Dans le cas de Madre Unión, Mario Castaño a lui-même rappelé en octobre 2017 que dans les environs de la colline La Madre il y avait une base de paramilitaires et que même aujourd’hui, le site est un refuge pour eux. Ce qui est particulier, c’est que dans cette zone, la compagnie minière «AngloGold Ashanti» a creusé un trou d’environ 20 ou 30 mètres à la recherche de guacas -d’ustensiles en or enterrés par les autochtones lors de l’invasion des espagnoles- (NdT). Et dans les terres de Francisco Castaño – l’un des hommes d’affaires accusés de dépossession dans la région – ont fait une autre exploration «.

Face à ce type de plaintes, Martha Peña, chercheuse à l’Institut de formation populaire (IPC), se demande pourquoi historiquement l’État colombien n’a pas protégé ces communautés paysannes et afros de la dépossession et du déracinement, malgré leur reconnaissance du territoire collectif, et pourquoi a-t-il même délivré des licences à certaines entreprises accusées de violer les droits collectifs des communautés? Avec cette manière d’agir, l’État se contredit parce que, d’une part, il favorise l’application du droit des victimes et de la restitution des terres, d’autre part, il accorde des titres miniers sur ces mêmes biens, comme une seconde dépossession.

Par conséquent, conclut Martha Peña,  il est important de signaler des Lois comme la T-622 de 2016, publié par la Cour constitutionnelle, qui «reconnaissent les territoires d’une manière plus large et, dans ce cas particulier, reconnaît le fleuve Atrato comme un sujet de droits et ouvre la voie pour faire face aux ambitions de pillage des compagnies minières qui ont traité ce territoire comme le Nouveau Dorado. «

Ces plaintes et  histoires rapportées ici laissent beaucoup des questionnements sur la façon dont la dépossession des terres dans des régions telles que La Larga Tumaradó ont eu lieu, et sur la façon dont l’expansion des entreprises s’est développée dans de nombreuses régions du pays. Il faudra espérer que ces cas de dépossession soient examinés par la Commission pour la clarification de la vérité, afin que soit révélée la participation du monde des affaires au conflit armé colombien et, en particulier, aux territoires touchés par la violence.


[i] Guerrero Juan Pablo et. Al., Comunidad de Aprendizaje Comparte, aportes desde el Cinep al módulo 2: identificación de las experiencias económico productivas, Centro de Investigación y Educación Popular (Cinep/Programa por la Paz), Bogotá, abril de 2012, p. 3.

[ii] Moncada Carvajal, Juan José, Posada, Paola Andrea, et. al., 2011, “Los pilares del despojo”, en Realidades del Despojo de Tierras, Instituto Popular de Capacitación (IPC), Medellín, p. 198.

[iii] Comisión Colombiana de Juristas, 2008, 27 de febrero, “Impunidad cobija a jefe paramilitar Raúl Hasbún en Urabá”, en Boletín N° 24: Serie sobre los derechos de las víctimas y la aplicación de la ley 975, Bogotá, p. 2, disponible en Internet: http://www.coljuristas.org/documentos/boletines/bol_n24_975.pdf

[iv] Canal Capital, 2012, 9 de julio, “Raúl Hasbún alias Pedro Bonito destapó la ‘paraeconomía’ en Urabá”, en canal de Youtube de Canal Capital, disponible en Internet: https://www.youtube.com/watch?v=1yndb4WLaeo

[v] Fiscalía General de la Nación — Colombia, 2014, septiembre, Informe de casos de connotación, p. 8.

[vi] Comisión Intereclesial de Justicia y Paz, 2012, mayo, Colombia: Banacol, empresa implicada en paramilitarismo y acaparamiento de tierras en Curvaradó y Juaguimandó, Hands off the Land Alliance, p. 4.

Yhoban Camilo Hernandez Cifuentes
Periodista egresado de la Universidad de Antioquia. Candidato a Magister en Ciencia de la Información con Énfasis en Memoria y Sociedad, Escuela Interamericana de Bibliotecología de la UdeA. Coordinador de la Agencia de Prensa IPC entre 2012 y 2018. Actualmente periodista en Hacemos Memoria. Trabajando por esa Colombia excluida y vulnerada, por aquellos que no son escuchados y por la anhelada paz. Aficionado a la literatura, al rock, a las huertas y a las buenas películas.